Signifiant littéralement “la nuit de Shiva“, le Festival Shivaratri est une célébration hindouiste qui rend hommage à Lord Shiva.
Il commence à la nuit tombée et dure 24 heures. Il est célébré à l’occasion de la nouvelle lune du mois de Falgun qui correspond à mi-février / mi-mars.
La religion hindouiste se construit autour de la Trinité hindoue composée de Brahma (le créateur), Vishnu (le protecteur) et Shiva (le destructeur).
Shiva est assimilé à la mort, aux catastrophes, c’est celui qui punit. Pour cette raison, il est extrêmement craint et respecté. S’il est associé à la destruction, il est logiquement associé également à la reconstruction et donc la reproduction, la procréation.
Ses attributs sont le trident et le lingam, une représentation du phallus. Son moyen de transport est Nandi, le taureau.
Il est l’époux de la déesse Parvati, et le père de Ganesh (le dieu à tête d’éléphant) et Kumar (également connu sous le nom de Murugan ou Skanda).
LA LEGENDE DE SHIVARATRI
Selon la légende, un pauvre homme et grand dévot de Lord Shiva cherchait du bois de chauffage dans une forêt. Lorsque la nuit tomba, il n’y avait pas de lune et il ne retrouva pas son chemin pour rentrer chez lui. Durant la nuit, il entendit le cri de tigres.
Effrayé, il grimpa dans l’arbre le plus proche (un bilimbi, considéré comme arbre sacré de Shiva) afin de se mettre en sécurité et d’attendre le lever du jour.
Affamé et assoiffé, l’homme pleurait sur son triste sort en pensant à sa femme et son fils qu’il avait laissés seuls pour la nuit. Pour faire passer le temps, il cueillit les feuilles de l’arbre et les laissa tomber à terre en chantant le nom de Shiva.
Au petit matin, lorsqu’il descendit de son arbre, le pauvre homme découvrit que ses larmes et les feuilles étaient tombées sur un lingam de Shiva. Lord Shiva prit les feuilles pour une archana (offrande de fleurs), les larmes de l’homme pour une abhisheka (bain sacré) et les chants pour un appel à l’aide. Sans le savoir, l’homme avait vénéré le Seigneur Shiva.
Pour le remercier, Shiva offrit à l’homme de retrouver son chemin et d’être réincarné en un roi riche, bon et puissant dans sa prochaine vie.
Depuis cette histoire, chaque année, à la même date du calendrier hindou, on célèbre Maha Shivaratri, la nuit de Shiva.
SHIVARATRI EN PRATIQUE
En pratique, les fidèles célèbrent le festival par un jeûne toute la journée et une veille toute la nuit.
On dit que Shiva se présente dans chaque lingam et à cette occasion, les offrandes sont effectuées sur un lingam.
Selon les textes sacrés, la puja offerte au Seigneur Shiva doit comporter des feuilles de bilimbi qui calment la divinité au sang chaud et purifient l’âme, de la pâte de vermillon, synonyme de vertu que l’on applique sur le lingam, de la nourriture favorable à la longévité et à la satisfaction des désirs, de l’encens qui apporte l’abondance, une lampe allumée (souvent une mèche de bougie) qui représente l’acquisition du savoir et des feuilles de bétel témoignant de la satisfaction des plaisirs profanes.
Selon la légende encore, Parvati, femme de Lord Shiva, pria et médita toute cette journée pour prévenir du mal qui pouvait arriver à son mari durant cette nuit sans lune.
Dès lors, on dit que Shivaratri est une journée auspicieuse pour les femmes pour prier pour le bien être et la bonne santé de leur mari et leur fils.
Les femmes qui sont encore célibataires viennent au temple dans l’espoir d’avoir un futur mari parfait, comme Shiva.
A l’occasion de Maha Shivaratri, les temples dédiés au Seigneur Shiva sont pris d’assaut.
C’est le cas du temple de Pashupatinath à Kathmandu, plus gros temple au monde voué à Lord Shiva. Pour la nuit de Shiva, le festival draine chaque année près d’un million de fidèles hindouistes venus du monde entier pour réaliser leur puja.
Parmi les pélerins se trouvent les saddhus ou babas, adeptes de la secte shivaïste.
Il s’agit de personnes qui ont fait le choix de la renonciation : ils vivent souvent seuls, sans famille, sans maison et errent pieds nus, sur les routes, ne vivant que des dons qu’ils reçoivent.
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La couleur orange qu’ils revêtent est signe de sa renonciation.
A partir du moment où ils renoncent à toute vie sociale, ils refuse alors par exemple de se couper les cheveux ou la barbe, de se couper les ongles et renonce même à toute relation sexuelle. Ils ont souvent le corps blanchi par la cendre du feu dont ils se recouvrent pour se protéger du soleil et des insectes.
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Ces personnages valent vraiment le coup d’œil à l’occasion de ce festival.
On dit aussi que Lord Shiva entre plus facilement en méditation et en transe sous l’emprise du cannabis. Pour cette raison, les saddhus consomment beaucoup de marijuana.
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A l’occasion de Shivaratri on voit donc beaucoup de gens consommer du cannabis même si cela est illégal et que seuls les saddhus y sont autorisés.
EN DEHORS DE L’ASPECT RELIGIEUX
Pour Shivaratri, l’armée népalaise organise un spectacle officiel au cours duquel des séries de coups de feu sont tirés et des défilés organisés.
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Les enfants (qui n’ont pas école car c’est un jour férié) restent dans les rues et tendent des cordes en travers de la route pour empêcher véhicules, cyclistes et piétons de passer. Un péage en argent ou en bonbons est exigé !
Enfin, les gens allument également des feux de camp dans la rue et se regroupent autour. Ces feux marquent la fin de l’hiver et l’arrivée du printemps.
Le Festival de Shivaratri est particulièrement célébré par la population puisqu’il rend hommage à l’une des divinités les plus louées et les plus adorées de la religion hindouiste.
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