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Après un passage éclair dans la région il y a trois ans, nous nous étions promis d’y revenir pour explorer un peu plus le coin. C’était sans compter sur l’aide de notre ami Kedar, journaliste, littéraire, passionné par la langue népalaise et amoureux de sa terre natale sur laquelle il nous accueille avec sa femme Kiran : Ilam.

Jour 1 – 8 Janvier 2019 – Biratnagar > Karfok

Il est cinq heures ce matin lorsque l’on saute dans un bus dont le khalasi accroché à la portière hurle « purba ! purba ! », comprenez « vers l’est ! vers l’est ! ». Rapidement nous quittons la cité industrielle de Biratnagar par la grande ligne droite qui remonte vers le nord. Peu après une odeur de biscuit pénètre dans le bus, nous passons une fabrique de biscuits. A Itahari, le chauffeur tourne à droite, vers l’est. A plusieurs endroits, nous longeons des forêts d’arbres au pied desquels on aperçoit des cimetières appelés chihan. Plusieurs tombes de formes et de couleurs différentes : des kirats, des bouddhistes, des chrétiens et des musulmans sont enterrés ici.

from birtamod to ilamFinalement après deux heures et demi de trajet nous arrivons à Birtamod, ville importante d’où partent des bus pour les quatre coins du pays. On rejoint une petite cantine où l’on va boire un thé et manger quelque chose avant de poursuivre notre voyage vers Ilam. C’est finalement en jeep que l’on reprend la route, plein nord. Petit à petit nous prenons de l’altitude et passons des maisons plus typiques dans un environnement plus tropical. Ces habitations, parfois montées sur pilotis, sont construites en bois et parfois ornées d’un beau balcon à l’avant faisant penser à des maisons coloniales. Toutes ces maisons sont cernées par d’immenses arbres ressemblant à s’y méprendre à des cocotiers : même tronc, même taille, même type de feuilles, si ce n’est un bouquet de noix suspendu juste au dessous des feuilles. Il s’agit en fait d’arbres à bétel, produisant de la noix de bétel ou noix d’arec. Ce fruit est utilisé dans la fabrication de la chique de bétel avec de la chaux et des feuilles de bétel que l’on mâche et qui colore les dents en orange. Elle est extrêmement consommée en Inde. Les paysages sont absolument magnifiques.

Rapidement on monte en altitude sur une route très sinueuse mais en très bon état lorsque l’on connait l’état du réseau routier népalais. En langage limbu, l’une des ethnies que l’on trouve dans la région, « Ilam » signifie « la route qui tourne ». On comprend pourquoi. La végétation est luxuriante et très verte. Après moins de deux heures de route nous atteignons la magnifique région de Kanyam et ses plantations de thé. Le ciel est bleu et la plantation d’un vert vif, l’environnement est merveilleux. Nous sommes à 1500m d’altitude pourtant ! C’est l’une des cultures les plus répandues de la région avec des arbres à thé que l’on peut trouver jusqu’à plus de 2000m d’altitude. Nous descendons de voiture quelques instants pour prendre des photos. Les arbres à thé sont plantés à flanc de au sommet de laquelle sont perchés d’immenses arbres de la famille des pins, qui donnent l’impression de flotter dans le paysage. L’endroit est vraiment magique.

ilam kanyam tea garden

Nous poursuivons notre route à travers le bazaar de Fikkal que l’on traverse. Cinq minutes plus loin on dépasse l’école publique de Karfok au cœur d’une forêt de pins. Cette école compte plus de cinq cent cinquante élèves. La jeep s’arrête deux cents mètres plus loin. D’ici il nous faut encore marcher quinze minutes au milieu des champs et des habitations jusqu’à la maison de nos hôtes.

kiran and kedar homestay view

Kedar et Kiran nous reçoivent chez eux dans un cadre merveilleux. A l’étage ils ont prévu des chambres pour pouvoir recevoir des invités logés « chez l’habitant », dans un petit coin de paradis. Il est l’heure de passer à table, nous mangeons un dal bhat servi avec un curry de pommes de terre et de christophines.

on our way to fikkal from karfok

Après le repas, Kedar nous emmène jusqu’à Fikkal à pieds. Le sentier traverse la campagne et les plantations de thé. En route nous visitons un monastère bouddhiste vieux de 350 ans. Lepcha Gumba a été très endommagé par le dernier tremblement de terre et les murs, pourtant épais de quatre vingts centimètres, sont fissurés à de nombreux endroits. A l’intérieur des trésors apparaissent malgré les fresques murales qui tombent en décrépitude.

lepcha gumba outside lepcha gumba inside

Nous rejoignons enfin Fikkal par lequel nous sommes passés dans la matinée. C’est un bourg important de la région duquel il est possible de rejoindre le sud et les plaines du Terai (d’où nous arrivons), l’Himalaya et plus précisément le Kanchenjunga au nord et enfin Pashupatinagar, à l’est, qui est à la frontière avec l’Inde et Darjeeling. Comme beaucoup de bourgades népalaises, il s’agit d’une grande rue passante le long de laquelle on trouve commerces et habitations. Nombre de ces commerces proposent à la vente le fameux churpi, ces bâtonnets fabriqués à base de lait écrémé que l’on découpe en petits cubes et que l’on chique des heures durant. A côté, les sucettes d’Ilam (d’autres friandises à base de lait et de sucre).

fikkal bazaar

En bas du bazaar un pickup nous emmène dix minutes plus loin à travers des plantations de thé jusqu’à une grande propriété : Gorkha Tea Estate. Face à nous une énorme bâtisse, il s’agit d’une fabrique de thé, sans activité pour le moment car nous sommes en dehors de la pleine saison. Nous sommes reçus par le propriétaire, M. Udaya Chapagain qui nous invite à boire une tasse de thé. Il nous raconte son histoire, comment il a démarré son affaire et le poids qu’occupe son business aujourd’hui : il exporte quasiment 100% de sa production en Allemagne. Monsieur Chapagain est passionnant et a plein de choses à raconter. Il est très généreux et très apprécié de ses employés.

gorkha tea estate ilam

Après avoir remercié notre hôte, nous poursuivons notre découverte de la région à Lucky Dairy, une fabrique de produits laitiers. Nous descendons à la cave où sont stockées sur des étagères des centaines de meules.

lucky dairy lucky dairy cheese wheels

Nous rentrons à Karfok en fin de journée. Nous nous installons dans la salle à manger ouverte sur la cuisine où Kiran et Kedar s’appliquent à nous préparer un bon dîner, tous les deux grands amoureux de saveurs originales et de goûts nouveaux. Dans la soirée, nous rencontrons Raku (Raj Kumar), un jeune homme d’une vingtaine d’années qui connait le coin par cœur et qui partira demain avec nous pour un petit trek à travers la campagne d’Ilam.

dinner at karfok

L’excitation d’être à demain et la longue journée écoulée nous aident à trouver le sommeil rapidement.

Jour 2 – 9 janvier 2019 – trek Mayaon Khola > Tumling

Pour le petit déjeuner, Kiran nous attend avec des pancakes tous frais et des confitures maison : kiwis et gingembre, un régal !

Accompagnés de Kedar et Raku, nous quittons Karfok en taxi et suivons une piste qui descend dans une vallée. Après quarante cinq minutes de route, nous atteignons une rivière: Mayaon Khola. C’est ici, à 1100m d’altitude, que démarre notre trekking. Nous continuons à marcher sur la piste en passant de temps à autre des maisons. Il y a beaucoup de cultures autour de nous, du thé mais aussi de la cardamone, des bananes, des kiwis, des arbres lokta…

ilam countryside ilam growing mutter

La population est très sympathique et très avenante, les gens sont polis et souriants. C’est l’un des côtés positifs de l’absence de tourisme, les locaux ont du plaisir à voir des étrangers qui viennent visiter leur région quand à certains endroits du pays les habitants ne supportent plus ses envahisseurs occidentaux qui se croient tout permis et viennent déranger leur tranquillité. Nous rencontrons des Tamang, des Rai, des Limbu, des Tami, des Sherpa… les ethnies locales de la région. Rapidement un détail me saute aux yeux : chaque maison est équipée de toilettes et d’une salle d’eau, CHAQUE maison ! Je n’ai jamais vu ça ailleurs. Cette commodité est souvent réduite au minimum, voire inexistante chez les gens les plus pauvres au Népal. Mais ici, chaque foyer dispose de toilettes et d’une salle d’eau ce qui illustre déjà un certain niveau d’éducation et de développement de la population. En règle générale je ressens beaucoup moins l’impression de pauvreté que l’on peut parfois avoir au Népal et c’est très agréable.

ilam tea garden countryside

ilam orange tree

Le chemin est en léger faux plat montant jusqu’à Dhap (1330m). Après avoir bu un thé dans le village, la montée devient plus raide sur un sentier plus étroit. Nous passons une ferme avec quelques arbres à mandarines. Après avoir demandé deux kilos au paysan, le voilà qui grimpe dans l’arbre pour cueillir les fruits. Et on repart ! La végétation est toujours très luxuriante de part et d’autre.

 

ilam nepalayak ilam pig

On continue à prendre de l’altitude alors que le temps devient de plus en plus menaçant. Un peu plus loin dans un village, des habitants chez qui l’on s’arrête, nous offre un verre d’eau. On pénètre un peu plus dans la forêt et la pluie nous surprend. En moins de dix minutes nous atteignons Mane Danda (1900m) pour le repas de midi, il est 14h !

Nous sommes chez une jeune femme qui se prénomme Subha. Elle vit seule ici et après lui avoir demandé, ça ne lui fait absolument pas peur ! Nous lui demandons de nous cuisiner quelque chose de simple et de rapide.

ilam mane danda chayotes roots lunch ilam mane danda subha

En moins de dix minutes elle nous sert des racines de christophines vapeur à tremper dans un achar accompagnées d’un thé au lait, nourriture locale et exotique. Nous avons très faim et le repas est le bienvenue. Après manger nous discutons un peu avec Subha pour connaître ses conditions de vie ici. La pluie cesse enfin et l’on peut continuer notre journée de marche.

ilam trek sun rays

La montée est très douce et un brouillard léger nous enveloppe. La piste nous mène à un plateau perché à 2250 mètres d’altitude. Le brouillard devient plus épais et rend l’endroit irréel baigné de brume. Un cheval est planté là, au milieu de ce décor. Nous atteignons le village de Thumke (2150m), notre étape du jour. Nous redescendons en passant plusieurs habitations, la maison où nous logeons ce soir, chez l’habitant, est la dernière.

ilam thumke lady with doko ilam thumke lauren and the horse

Nous sommes accueillis dans une cuisine très rudimentaire par une dame âgée et son fils qui boite et se sert d’un morceau de bois comme béquille. C’est très spartiate comme endroit mais l’accueil est chaleureux. ilam thumke dinner with fire wheel rim

On nous sert du thé pour nous réchauffer et nous nous asseyons autour d’une jante de voiture dans laquelle sont disposées des braises rougeoyantes : notre feu de cheminée de la soirée. Dehors il fait déjà nuit.

Après avoir mangé le dal bhat, nous rejoignons nos chambres conçues spécialement pour les gens de passage, très coquettes et bien décorées. On était loin de s’imaginer un tel confort après le passage à la cuisine. Voilà qui fait du bien au moral, la nuit va être douce !

Aujourd’hui nous avons marché 3h45 ce matin avec un dénivelé positif de 845m et négatif de 10m, entre Mayaon Khola (1100m) et Mane Danda (1900m). Cet après midi nous avons marché 1h30 avec 330m positifs et 90m négatifs entre Mane Danda et Thumke (2150m).

Jour 3 – 10 janvier 2019 – trek Thumke > Tumling

Le brouillard s’est levé ce matin et le ciel est bleu. J’en profite pour faire le tour du propriétaire puisque nous sommes arrivés à la nuit hier. C’est intéressant comme ici chaque maison a plusieurs dépendances : un bâtiment héberge les chambres, un bâtiment héberge la cuisine, un autre bâtiment pour la salle d’eau et les toilettes… Ailleurs on aurait plutôt tendance à regrouper toutes ces commodités dans un seul bâtiment. En bas il y a l’étable, des vaches et des chèvres.

ilam cat on roof thumke ilam thumke goats

Le petit déjeuner est servi, des chapatis et un curry de légumes pour démarrer la journée. Nous quittons nos hôtes vers huit heures après une petite cérémonie protocolaire de tikka (la marque rouge sur le front) et de kathas (écharpe de bénédiction). L’accueil ici a été particulièrement chaleureux par des gens qui n’ont certes pas grand-chose pour vivre mais qui se plient en quatre pour nous servir au mieux. L’hospitalité népalaise dans toute sa splendeur.

ilam farewell thumke

Le sentier remonte dans la forêt et nous croisons un troupeau d’une vingtaine de vaches. Je me fais alors la réflexion qu’il y a beaucoup de vaches et très peu de buffles dans la région alors qu’ailleurs au Népal on en voit beaucoup. Kedar m’explique qu’ici on vend les vaches improductives (qui ne donne pas/plus de lait) ainsi que les veaux, les taureaux et les bœufs pour leur viande qui est achetée et consommée de l’autre côté de la frontière, à quelque centaines de mètres à vol d’oiseau. Ceci explique cela. Au Népal il est interdit de consommer de la viande de bœuf – vache, mais en Inde oui. Le temps se couvre et le brouillard monte.

La forêt que nous traversons est extrêmement réputée comme habitat naturel du panda roux, ce petit mammifère ressemblant à un raton laveur de couleur rousse. Il vit dans des forêts tempérées à plus de deux mille mètres d’altitude et se nourrit principalement de bambou. L’environnement que nous traversons justement. Mais à cette saison il a très peu d’activités et il est rare d’apercevoir cet animal en danger de disparition.

ilam trek day 2 way up

Alors que nous continuons à monter, nous débouchons sur un sentier plus ouvert dans un environnement à la végétation très rase/rare. En plusieurs points nous apercevons des arbres lokta utilisés au Népal pour produire le papier lokta ou papier de riz. Nous continuons à grimper dans cet environnement surréel baigné de brume qui malheureusement nous empêche de profiter des paysages.

ilam indian border

En continuant notre chemin nous atteignons bientôt une belle route goudronnée. C’est la frontière indienne, la route étant en Inde. Nous allons longer cette route aujourd’hui et demain. Nous ne croiserons aucun village jusqu’à notre étape de midi à Meghma (2700m), petit village installé sur un col à cheval entre le Népal et l’Inde. La route traverse cette petite bourgade. Il nous faut d’ailleurs passer de l’autre côté pour prendre le repas de midi, en Inde donc !

ilam reaching meghma ilam meghma border nepal india

Nos hôtes ne se considèrent ni Népalais, ni Indien, ils sont « habitants de la frontière » nous disent-ils après leur avoir posé la question. Les transactions se règlent d’ailleurs indifféremment en roupies népalaises ou en roupies indiennes. Dehors quelques flocons de neige commencent à tomber. Nous avalons une assiette de chowmeins avant d’aller visiter le monastère de Meghma au Népal celui-là.

ilam meghma ilam chautara

En début d’après midi nous reprenons notre route dans un épais brouillard qui ne nous quittera plus. Tranquillement nous avançons vers Tumling (2850m), un village qui ne regroupe que des hôtels. Installé au bord de la route, le long de la frontière, cet endroit est réputé pour ses couchers et levers de soleil sur le Kanchenjunga et accueillent beaucoup de touristes népalais, indiens et bangladeshis.

ilam reaching tumling

Après avoir fait le tour de plusieurs hôtels, on a vite le sentiment de ne pas être les bienvenus. Les hôteliers ne sont pas du tout sympathiques et on a clairement l’impression de les embêter. Une personne nous conseille même de marcher une heure de plus jusqu’au village suivant où la vue est parait-il très belle aussi. C’est assez étrange et dérangeant comme façon de faire. Est-ce l’ « ambiance  frontière » qui crée cela ? Pourtant nous avons passé un très bon moment à Meghma pour le repas de midi avec des hôtes très drôles et chaleureux. De plus les prix pratiqués pour les chambres sont exorbitants et uniquement donnés en roupies indiennes. Qu’importe, nous avions décidé de passer la nuit ici.

On choisit un petit hôtel tenu par des jeunes filles qui passent leur temps sur leur téléphone au coin du feu et répondent à moitié lorsqu’on leur pose des questions sur la vie ici à la frontière. Je suis vraiment mal à l’aise, je vis au Népal depuis presque dix ans et je n’avais jamais eu ce genre de comportement de la part de Népalais qui plus est d’hôteliers habitués à accueillir des touristes. On passe la fin de journée dehors sous la neige ou dans nos chambres en attendant le dîner. Le dal bhat, même s’il est très bon, nous sera servi en plein courant d’air après que l’on nous ait refusé de fermer la porte car, je cite « si la porte est fermée, les clients ne viennent pas ». Puis nous allons nous coucher.

ilam tumling fog

Tumling sera définitivement une étape à oublier pour les prochains passages par ici. Nous avons simplement envie d’oublier cet endroit très froid (dans tous les sens du terme) et pas du tout à l’image du reste du Népal.

Nous avons marché 2h15 de Thumke à Meghma (2700m), avec 545m positifs et 5m négatifs. Après manger nous avons rejoint Tumling (2850m) en 1h15, avec 145m de montée et 70m de descente.

Jour 4 – 11 janvier 2019 – trek Tumling > Jamuna

ilam tumling sunrise

Ce matin le réveil sonne très tôt pour aller profiter du lever de soleil. Malheureusement le temps est encore bien couvert et il ne nous sera pas possible d’apercevoir le Kanchenjunga depuis Tumling. De retour à nos chambres, nous faisons nos sacs. Aucune envie de rester plus longtemps dans ce village inhospitalier, nous décidons de partir le ventre vide et de prendre le petit déjeuner au prochain village : Jhaubari.

ilam on the way to jhaubari 03 ilam horses in the snow

Le chemin jusqu’à Jhaubari (2750m) est relativement plat. Nous marchons sur une fine couche de neige tombée la veille qui donne beaucoup de charme au paysage environnant. A l’entrée du village il y a un poste de police où nous nous arrêtons pour enregistrer nos noms. Les policiers nous conseillent un petit hôtel-restaurant dans le village où nous pouvons nous arrêter pour manger quelque chose. Le patron du lodge nous accueille tout sourire et nous fait oublier la mésaventure de Tumling. Il nous sert une omelette, une soupe de nouilles et un thé. Après avoir discuté avec le patron et fait un petit tour dans le village, nous reprenons le cours de notre trek.

ilam mani wall jhaubari ilam chorten jhaubari

ilam jhaubari jhaubari monastery

ilam horseman

 

Nous entamons une longue descente sur un sentier assez large et plutôt agréable pour rejoindre une heure plus bas un col à 2500m d’altitude, nous sommes à Gairibaas.

 

 

ilam gaidibaas ilam gaidibaas tea break

Nous avons retrouvé une fois encore la route qui marque la frontière entre l’Inde à l’est et le Népal à l’ouest. Après avoir bu un thé dans l’un des lodges du petit faubourg, nous nous enfonçons dans la forêt sur une vieille piste qui descend de manière assez raide avec de nombreux virages. Cette route faite de roches et de cailloux étaient à l’époque la seule route de la région pour passer d’un pays à l’autre et des voitures l’empruntaient. Mais aujourd’hui elle n’est plus pratiquée que par les hommes et les animaux.

ilam in the jungle

Nous perdons rapidement de l’altitude toujours enfoncés dans cette épaisse forêt, nous n’entendons que le bruit des oiseaux. Après une bonne heure de descente, un petit sentier quitte la route. Nous poursuivons notre parcours par ici sur un sentier qui monte et qui descend de temps à autre. Plus loin nous trouvons deux pokharis, des petits étangs. Enfin nous débouchons sur un petit plateau ouvert avec des champs cultivés et des habitations. Nous sommes à Hangethan (2140m). Il est l’heure de manger et nous ne savons pas trop où nous arrêter pour cela. En apercevant une dame à proximité d’une maison nous lui demandons si elle peut nous cuisiner quelque chose. Elle est d’accord et nous nous installons chez elle pour le repas de midi. Cette hospitalité est incroyable. Qui dans nos pays occidentaux accepterait de cuisiner pour des étrangers de passage ?

ilam hangetham locals

En attendant qu’elle prépare un dal bhat, nous visitons le petit village. Les gens ici ne vivent que de l’agriculture. Juste à côté deux hommes et deux bœufs sont en train de labourer un champ à la charrue. Je prends mes notes, la cocote minute siffle, le repas est prêt. Nous dégustons un dal bhat délicieux qui nous remplit d’énergie.

ilam hangetham lunch cat fire ilam hangetham lunch

ilam jamuna cardamonNous remercions nos hôtes mille fois pour leur accueil et poursuivons notre chemin jusqu’au monastère du village. Ici le sentier descend de manière très raide pour rejoindre un autre plateau plus bas où se trouve le village de Jamuna. Plus nous descendons et plus les habitations se font nombreuses, nous passons encore beaucoup de champs de cardamone et de bouquets de bambous. Ces arbres très solides, d’une dizaine de mètres de haut, sont coupés et transportés à Kathmandu et ailleurs pour servir d’échafaudages dans la construction de bâtiments.

ilam jamuna tea break

 

Nous nous arrêtons à une maison pour demander un thé. La jeune femme nous fait entrer à l’intérieur, des centaines d’épis de mais sèchent suspendus au plafond et les poules qui entrent dans la maison mangent les grains qui tombent. Au moment de partir la jeune femme refusent que l’on paye pour le thé. Après avoir insisté, elle nous dit de donner ce que l’on veut. Encore une fois, une hospitalité que l’on a perdue il y a bien longtemps chez nous.

 

Enfin nous atteignons Jamuna (1720m) et son école installée sur un grand terrain autour de laquelle s’organise le village. La maison où nous passons la nuit ne dispose pas d’assez de chambres pour nous quatre mais nos hôtes s’organisent afin que chacun puisse avoir son lit. Ils nous promettent aussi un dal bhat avec du poulet, cela fait trois jours que l’on n’a pas mangé de viande et ça fait plaisir. Un peu plus tard nous descendons en contrebas de Jamuna vers un large pokhari autour duquel se trouvent quelques arbres à thé. L’endroit est paisible et agréable et pourrait devenir un joli petit parc dans lequel venir se promener, si ce n’était pas si loin d’accès. C’est nous qui en profitons.

ilam jamuna pokhari

Notre trekking prend fin ici à Jamuna, demain c’est en jeep que nous quitterons le village et le soir nous serons de retour chez Kedar, à Karfok. Le curry de poulet qui accompagne le dal bhat tient toutes ses promesses, c’est un régal et on se couche complètement rassasiés.

ilam jamuna our host

Entre Tumling (2850m) et Jhaubari (2750m), nous avons mis 1h15 pour faire les 4,5 kilomètres qui séparent les deux villages, nous avons grimpé 65m et descendu 160m. Puis de Jhaubari à Hangethan (2140m) où nous avons mangé le midi, nous avons marché 3h30, le dénivelé positif était de 140m et négatif de 740m. Enfin après manger il nous a fallu 1h30 pour arriver à Jamuna (1720m), grimpé 20m et descendu 430m.

Jour 5 – 12 janvier 2019 – Jamuna > Mai Pokhari > Ilam Bazaar > Karfok

ilam inside jeep ilam jeep goats

Notre jeep quitte Jamuna à 7h ce matin, le temps de boire une tasse de thé et d’installer deux chèvres à l’arrière que le chauffeur va aller vendre à Birtamod. La piste sur laquelle nous roulons est défoncée et nous avançons très lentement. Dans un premier temps nous descendons pour rejoindre une rivière que nous traversons avant de remonter sur la colline d’en face.

ilam mai pokhari ilam mai pokhari bamboo

Après deux heures de route et 18 kilomètres parcourus, nous arrivons à Mai Pokhari (2050m), l’un des sites à découvrir dans le district d’Ilam. Mai Pokhari signifie « l’étang mère », il est sacré et interdit d’y pêcher. Le tour de ce petit bassin fait moins d’un kilomètre et il est très agréable de s’y promener à l’ombre des arbres (des pins, des rhododendrons, des bambous…) dans un environnement calme et paisible. Quelques animaux endémiques y sont présents tels que certaines espèces de salamandres et de grenouilles rares, des loutres, des calaos et d’autres espèces d’oiseaux. L’endroit est vraiment agréable, propre et propices aux photos.

ilam mai pokhari nepalayak

Nous reprenons la jeep pour redescendre jusqu’à Ilam Bazaar (1130m) que nous atteignons après une heure de route. La ville est installée à cheval sur une colline : d’un côté les habitations, de l’autre des plantations de thé qui sont, historiquement, les toutes premières de la région et du pays. Nous retrouvons une architecture de maison différente, avec des façades arrondies et des petits balcons en bois, très jolie. Nous sommes samedi et beaucoup de commerces sont fermés, c’est dommage.

ilam bazaar building ilam bazaar pigeons

Après avoir mangé, nous partons découvrir la ville en démarrant par le bas du bazaar avec un immense terrain vague où se sont rassemblés plusieurs écoles venues participer à une compétition d’athlétisme.

ilam bazaar tea garden

Puis nous remontons à travers les plantations de thé d’Ilam, la balade est sympathique.

ilam bazaar tea garden lauren ilam bazaar tea garden suraj

Un peu plus tard dans l’après midi, nous reprenons la route pour Karfok situé à deux heures d’Ilam Bazaar. La route est belle et sinueuse et le temps passe vite. Cela fait plaisir de rejoindre Karfok.

ilam karfok chayote

Nous retrouvons Kiran qui nous prépare sa spécialité pour le dîner : un curry de paneer et de courge accompagné de riz complet, de poulet fumé à la feuille de thé et d’un dal garni de sinki (radis fermenté). Un régal évidemment pour notre dernier dîner à Ilam.

Jour 6 – 13 janvier 2019 – Karfok > Antu Danda > Terai

karfok homestay

Nous quittons nos hôtes aujourd’hui. Nous sommes très optimistes quant au potentiel de la région et nous échangeons nos idées avec Kiran et Kedar. Le programme de Nepalayak (https://nepalayak.com/project/a-l-est-du-nepal/) pour découvrir la région inclura forcément un passage par Karfok.

kanchenjunga seen from antu danda ilam ilam antu pokhari

Avant de reprendre notre route vers Birtamod nous faisons un détour par Antu Danda, le point culminant du district d’Ilam qui offre de beaux couchers et levers de soleil. Le taxi nous dépose au pied de la colline et il nous faut poursuivre à pieds. La tour d’observation de Shree Antu est à deux kilomètres mais nous n’allons pas jusque là. Après avoir passé quelques habitations et des plantations de thé, la vue est bien dégagée et nous nous arrêtons ici prendre des photos. Le sommet du Kanchenjunga et ses 8586 mètres apparaît au loin dans sa forme la plus originale : le Bouddha allongé, la tête la plus à l’ouest, puis le ventre et enfin les pieds à l’est. Son nom dérive du tibétain Kang-chen-dzo-nga qui signifie « les cinq trésors des neiges » en référence aux cinq pics qui constituent son sommet. Il est le troisième sommet le plus haut du monde. Puis nous partons jeter un œil à Antu Pokhari, un petit étang tout aussi paisible que les autres pokharis que nous avons découvert ces derniers jours, cerné de pins et d’arbres à thé.

ilam kanyam tea plantation

Finalement nous rejoignons notre taxi et reprenons la route. Dernier arrêt à Kanyam où nous rejoignons les pins qui flottent au-dessus des plantations de thé, dernier petit tour au paradis avant de rejoindre les plaines du sud du Népal.

ilam road to terai

 

MON RESSENTI SUR LE SEJOUR A ILAM

Bien que loin du centre touristique de Kathmandu, cette région mérite à elle seule d’y passer du temps afin de découvrir des paysages que vous ne verres nulle part ailleurs au Népal. Ce séjour « à l’est du Népal » est parfait pour sortir des sentiers battus du pays. Il ravira les gens qui sont déjà venus au Népal plusieurs fois et cherchent quelque chose d’autre tout autant que les novices du pays à la recherche de culture, de nature et de contact avec la population. Plus généralement, vous ne visitez pas cette région pour quelque exploit sportif ou alpin que ce soit, ici on recherche plus la découverte locale.

Il faudra toutefois envisager un voyage en petit groupe, pas plus de quatre personnes car souvent les hébergements chez l’habitant sont limités en nombre de lits. Et moins il y a de monde dans le groupe, plus le contact avec les locaux est facile.

Ne vous attendez pas à de grands festins au cours de ce séjour cependant. A part chez Kiran et Kedar qui ont un réel attrait pour une nourriture originale et variée, les repas servis chez l’habitant restent le traditionnel dal bhat népalais et son curry de légumes (parfois de viande). La nourriture est basique et l’hébergement très rudimentaire.

Concernant le trekking en particulier, les journées sont relativement courtes et faciles. Le sentier n’est nullement technique et les dénivelés cumulés n’ont rien à voir avec ce que l’on peut trouver ailleurs dans le pays. La dernière portion entre Jamuna et Mai Pokhari que nous avons fait en jeep devra cependant être envisagée à pieds car la piste étant en très mauvais état elle ne sera pas toujours praticable. Il vaut donc mieux marcher jusqu’à Mai Pokhari et poursuivre en jeep d’ici.

Comme le trekking n’est pas difficile et qu’il y a très peu d’escaliers, nous recommandons même de le parcourir en VTT ou à dos de cheval.

Nous remercions infiniment Kiran et Kedar pour leur accueil et leur aide ainsi que Raku pour sa compagnie et sa grande connaissance du secteur.

Si vous souhaitez plus d’informations sur cette destination n’hésitez pas à nous contacter et nous nous ferons un plaisir de vous répondre.

NAMASTE !

Lauren FIGUET, NEPALAYAK, lauren@nepalayak.com @lo_nepal